Après avoir fait la guerre aux pauvres, les États-Unis l’ont déclarée aux criminels. Une histoire des politiques pénales depuis 1960 saisit la genèse intellectuelle et politique du traitement punitif souvent réservé aux membres des minorités.
Recensé : Elizabeth Hinton, From The War On Poverty To The War On Crime : The Making Of Mass Incarceration in America, Cambridge, Harvard University Press, 2016, 464 p.
Dans un contexte médiatique et universitaire marqué par les controverses autour du livre d’A. Goffman, il y aurait lieu de craindre un essoufflement des travaux sur la criminalisation des jeunes Noirs et Latinos aux États-Unis. Dans cette étude, issue d’une longue immersion dans un quartier noir de Philadelphie, A. Goffman décrit l’omniprésence de la répression policière, dont témoigne encore récemment le mouvement Black Lives Matter. Les débats suscités par le livre ont permis de rappeler l’ampleur des travaux sur la criminalisation d’une jeunesse pauvre, notamment africaine-américaine. Une perspective historique, dans la lignée des African American Studies, pourrait toutefois donner un nouveau souffle à ces recherches. En revenant sur l’ambivalence des politiques de lutte contre l’exclusion sociale d’après-guerre, l’historienne Elizabeth Hinton montre que la politique criminelle des États-Unis, et l’enfermement de masse qui en résulte, trouvent leur origine dans un ensemble de théories culturalistes sur la « criminalité noire ».
Lire le compte-rendu : Politique pénale et préjugé racial aux États-Unis – La Vie des idées
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