Par 52%, les citoyen-ne-s vaudois-e-s ont dit oui à la LEO (loi sur l’enseignement obligatoire). Dans le même temps, l’initiative «Ecole 2010 – Sauver l’école» était refusée par 55,5 % des votants. Petite analyse.
Le tableau ci-dessous synthétise les résultats de la votation.
Je souhaite mettre en avant les points suivants.
Tout d’abord, le rejet de l’initiative «Ecole 2010 – Sauver l’école» est clair et net. Pas de marche arrière et c’est heureux.
Ensuite, le résultat de la LEO est à observer en lien avec la question subsidiaire. En effet, et c’est l’élément le plus curieux des résultats, en cas de double oui, aucun des deux objets ne recueillait une majorité de votants. La «faute» en revient au pourcentage très élevé de «sans réponse» à la question subsidiaire (plus de 7% du corps électoral).
Deux explications possibles à cela. Premièrement, certains prônaient le double oui. Restait la question subsidiaire et une certaine dispersion des voix de ces électeurs entre les deux projets. Cependant, cela n’explique pas tout. En effet, entre la première question et la question subsidiaire, l’initiative «Ecole 2010 – Sauver l’école» ne récolte qu’un 1% de vote supplémentaire. Le contre-projet aurait alors dû obtenir 51% de suffrages favorables. D’où une deuxième explication : certains autres auraient effectué un vote tactique. Favorables au double non, ils auraient voté oui au contre-projet devant le risque qu’Ecole 2010 soit acceptée, mais une partie d’entre eux se seraient néanmoins abstenus lors de la question subsidiaire. En conséquence, le double-non n’a certainement pas été loin de l’emporter.
Cela nous amène au rôle du sondage électoral effectué deux semaines avant la votation par le journal 24 Heures et la chaîne La Télé. Celui-ci donnait alors l’initiative gagnante avec 56% des suffrages, mais un grand nombre de sondés indiquait être indécis. Personnellement, je pense que ce sondage a été favorable aux partisans de la LEO, car, devant le risque d’un succès de l’initiative, certains électeurs sceptiques devant la LEO, et plutôt favorables à un double non, ont modifié leur vote. D’autre part, la hausse de la participation en fin de campagne seulement montre que les électeurs ont été dubitatifs longtemps face aux deux projets présentés.
Au final, c’est certainement la volonté de ne pas chercher les solutions de demain dans l’école d’avant-hier qui a forcé la décision. Il faut aussi souligner la force d’un compromis politique forgé d’abord au sein du Conseil d’Etat, puis au sein du Grand Conseil vaudois.
Je note aussi que le Centre patronal vaudois vient de perdre coup sur coup deux votations importantes sur les PC familles et sur Ecole 2010. Il convient de s’interroger sur la légitimité du Centre patronal à employer les cotisations de ses membres dans de telles campagnes politiques où son idéologie plus que les véritables questions économiques lui tient lieu de boussole.
Un dernier point concerne l’implication d’Anne-Catherine Lyon dans la campagne. La pugnacité de la ministre socialiste où elle jouait grandement la suite de sa carrière politique a certainement joué un rôle positif. Les électrices et électeurs attendent qu’un magistrat s’implique et défende ses projets. La campagne lui a surtout permis de modifier son profil de technocrate ou de ministre (trop) consensuelle et terne. Elle y gagne aujourd’hui une nouvelle dimension.
Par ailleurs, la LEO reste, à mon avis, plus un vote de raison que de passion. Saura-t-elle réduire une querelle scolaire que l’initiative tentait de relancer ou ne représente-t-elle qu’une trêve avant de nouveaux déchirements? Dans tous les cas, le modèle scolaire réactionnaire recule en ce dimanche de votation. C’est la meilleure nouvelle du jour.
tiffène dit
ce n est pas demain que je ferais des enfants pour les mettre à l’école…